A priori, les nouvelles et les romans d’Isaac Asimov appartenant au cycle des robots peuvent se lire indépendamment les uns des autres.
Les nouvelles
Cependant, je conseille tout de même de lire quelques nouvelles avant les romans (deuxième paragraphe) pour se familiariser avec les robots positroniques et surtout avec le concept des « Trois Lois de la Robotique » qu’Asimov avait imaginées. Ces Trois Lois s’énoncent ainsi :
- Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. »
- Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. »
- Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »
Ces Lois étant très simples, elles sont fortement implantées dans le cerveau positronique d’un robot, mais elles sont également relativement faciles à contourner. Tout le sel des nouvelles sur les robots consiste à explorer les failles des ces Lois.
En livre de poche, les édition J’ai Lu ont publié nombre des nouvelles d’Isaac Asimov en, principalement, deux recueils :
Ces nouvelles se déroulent dans un futur assez proche, aux balbutiements de la Robotique (sous-entendue : “robotique positronique”) et mettant en scène le personnage le plus important dans l’histoire des robots : un robopsychologue, le Dr. Susan Calvin, femme très intelligente chargée de régler les problèmes avec les robots “déviants”. Dans ces recueils on trouve également les nouvelles les plus importantes du cycle :
- Cycle fermé qui met à jour un conflit entre la Deuxième et la Troisième Loi ;
- Menteur ! qui fait apparaître une faille inattendue dans la Première Loi ;
- Le petit robot perdu qui soulève un épineux problème mettant en scène la Première et la Troisième Loi ;
- Lenny qu’un défaut de fabrication rend quasiment humain ;
etc… Toutes les nouvelles sont de la même veine et ont leur propre charme et leur propre intérêt. Elles sont, à mon avis, indispensables pour se forger un esprit « asimovien » pure souche.
A noter également un autre recueil dans lequel ne figure qu’une seule nouvelle de robot (qui a donné son titre au recueil) mais qui est une des plus intéressante de la série et qui a servi de base pour le film I, Robot de Alex Proyas. Elle met en scène un robot qui accède à l’intelligence et à l’autodétermination :
Les romans
Sur le même principe que les nouvelles et se déroulant à la même époque, on trouve un roman magnifique, poignant, novélisation de la nouvelle éponyme, relatant le difficile parcours d’un robot sur le chemin de l’humanisation :
- L’homme bicentenaire
Ce roman, adaptée au cinéma sous le même titre avec Robin Williams dans le rôle principal, est une exception dans l’œuvre d’Asimov, car centré sur l’affectif, les sentiments de ce robot qui désire plus que tout devenir humain.
Dans un tout autre registre — le polar S.F. — une série de romans met en scène l’inspecteur Elijah Baley enquêtant, dans un futur très éloigné, sur des meurtres avec l’aide d’un robot humaniforme, le robot R. Daneel Olivaw[1]Probablement le personnage que je préfère dans toute la S.F. que j’ai pu lire..
- Les Cavernes d’acier
- Face aux feux du soleil
- Les Robots de l’aube
- Les Robots et l’Empire
(qui se déroule en fait deux cents ans après la mort de Lije Baley.)
Ces romans sont passionnants et font partie des fleurons de ma bibliothèque. Les personnages sont attachants, les intrigues sont intelligentes et les enquêtes rondement menées. Je les relis toujours avec délectation.
L’intégrale
Maintenant, si vous êtes devenu(e) un accroc d’Asimov, que les quelques nouvelles que vous avez lues ne vous suffisent plus, l’anthologie parue aux Presses de la Cité est faites pour vous.
Les deux premiers volumes rassemblent, entre autres, l’intégralité des nouvelles et romans publiées par Isaac Asimov dans le domaine des robots :
- Prélude à Trantor (les nouvelles + les 2 premiers romans de Baley
- La gloire de Trantor (les 2 autres romans de Baley + les 3 romans du cycle de Trantor)
Les disciples
Il y un domaine qu’Asimov n’a jamais abordé dans ses nouvelles : celui des réactions de ses robots face à des extraterrestres. Pour un robot, tout dépendra de la définition de l’humain telle qu’elle est implantée dans son cerveau.
Quelques auteurs se sont attelés à cette lourde tâche dans le cycle de La Cité des Robots — puis dans sa suite Robots et extraterrestres — dans lequel les Trois Lois de la Robotique sont poussées dans leurs retranchements : comment réagira un robot qui n’a jamais vu un humain lorsqu’il y sera confronté pour la première fois ? Quelle sera la définition d’un « humain » pour un robot métamorphe qui s’est échoué et a évolué parmi des créatures extraterrestres ? Comment un robot gèrera-t-il ses priorités en face d’un véritable humain et d’une créature qu’il considère comme tel ?
Autant de thèmes passionnants développés dans les romans suivants :
- Série La Cité des robots
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- La cité des robots de Michael P. McDowell et Mike McQuay
- Cyborg , de Arthur Byron Cover et William F. Wu
- Refuge , de Rob Chilson et William F. Wu
- Série Robots et extraterrestres
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- Le renégat , de Stephen Leigh
- L’intrus , de Jerry Oltion et Robert Thurston
- Humanité , de Bruce Bethke et Jerry Oltion
De son côté, Roger McBride Allen a également étoffé l’univers du Maître en imaginant des « Nouvelles Lois » de la Robotique avec lesquelles les humains sont moins dépendants des robots et où ces derniers se voient octroyer davantage de libertés. Cela a donné la trilogie de Caliban, un robot non soumis aux Trois Lois d’Asimov :
- Le robot Caliban
- Inferno
- Utopia
Cette série est vraiment pas mal, très distrayante, originale et bien écrite.
A noter un autre cycle (Robots temporels) écrit par William F. Wu contant les aventures d’une équipe de spécialistes en tous genres à la recherche de robots qui, conformément à la Troisième Loi, se sont réfugiés dans le passé pour échapper à leur démantèlement :
- L’âge des dinosaures et Le pirate des Antilles
- Le guerrier et Le dictateur
- L’empereur et L’envahisseur
Personnellement, j’ai trouvé cette série très moyenne et pas très originale. Des romans d’aventures corrects mais sans plus.
Côté cinéma
L’œuvre d’Asimov est tellement riche et mondialement reconnue qu’il était dommage que le cinéma ne s’intéresse que tardivement au robots positroniques.
Dans les années soixante-dix, Harlan Ellison, écrivain connu surtout dans le domaine de la télévision et du cinéma, et ami d’Isaac Asimov, s’est alors attelé à la tâche d’élaborer un scénario pour le cinéma mettant en scène certains personnages et idées du cycle.
C’est ainsi qu’en 1978 est né I, Robot qui, malheureusement, ne vît jamais le jour sur nos écran. Jugé trop cérébral ou pas assez vendeur, aucun producteur ne voulut financer un tel projet, au grand dam d’Asimov qui était enthousiasmé par le travail d’Ellison.
Heureusement pour les fans, un nouveau projet, sous la direction de Alex Proyas en 2004, a vu le jour qui, lui, a abouti à l’excellent film I, Robot[2]Malgré les titres identiques, les deux projets n’ont rien en commun, excepté le concept de robots positroniques., avec Will Smith dans le rôle du détective Del Spooner (calqué sur le personnage de Lije Baley).
Et après ?
Si avec tout ça vous n’êtes toujours pas rassasié(e), je ne peux plus grand chose pour vous, si ce n’est vous conseiller de vous attaquer au reste de l’œuvre d’Asimov, et notamment de vous plonger corps et âme dans le cycle de Fondation. Incontournable !
Références