Half Past Human
— Thomas J. Bass
© 1971
Ma note :
Premier roman de Thomas Joseph Bassler, alias T. J. Bass, Humanité et demi forme, avec Le Dieu baleine, la série de la Ruche (Hive) et dresse un portrait peu enviable de notre futur où l’humanité, malgré sa multitude, est au bord de l’asphyxie.
L’histoire
En ce lointain futur, l’humanité est séparée en deux branches distinctes. D’un côté les Néchiffes à quatre orteils qui vivent dans d’immenses cités-fourmilières souterraines de plusieurs milliards d’individus. De l’autre les Broncos à cinq orteils, humains sauvages qui survivent à l’extérieur, pourchassés par les Néchiffes pour le sport.
La Terre est recouverte de cultures, nécessaires pour alimenter les centaines de milliards d’habitants des cités. La vie à la surface a quasiment disparue. Les océans sont devenus stériles. L’humanité est au bord de la rupture…
Mon avis
Ce roman fut une véritable claque lorsque je l’ai lu pour la première fois. Il dépeint deux sociétés diamétralement opposées tant dans la densité de population que dans la technologie utilisée.
Les Néchiffes, qui, apparemment ont tous les pouvoirs sur la Terre et semblent à l’apogée de l’évolution humaine, forment en fait une société déshumanisée ou les individus comptent peu et où seule l’espèce doit survivre sans tenir compte des sacrifices, où le contrôle des naissances est une nécessité. Ainsi, par exemple, jeter un bébé non désiré au broyeur est monnaie courante et cette image, décrite crument, restera indélébile dans mon esprit. De plus, on l’apprend peu à peu dans le récit, les Néchiffes sont en fait petits, faibles et peu adaptés à la vie en extérieur. Pour s’y rendre, notamment pour chasser les Broncos, ils doivent se bourrer de drogues pour pouvoir tenir le coup.
De leur côté, les Broncos, peu nombreux à la surface de la Terre, sont des êtres peu civilisés ne possédant aucune technologie et survivant tant bien que mal des subsides qu’ils arrivent, à leurs risques et périls, à grappiller dans les immenses champs cultivés par des machines. Mais ces êtres au bord de l’extinction sont en fait la force vive de la planète et peut-être le seul espoir de l’humanité.
Outre ces deux humanités, T. J. Bass décrit un avenir peu engageant où l’écologie a été mise à mal par l’homme durant des millénaires de culture intensive dont la moindre calorie est produite pour subvenir à cette population qui se compte en milliers de milliards d’individus, au détriment de la faune qui a complètement disparu. La situation est « un peu » extrême mais extrapole les conséquences de nos actes, de notre industrialisation sans frein et de son impact sur l’environnement et l’extinction de nombreuses espèces. Et de ce côté, le roman suivant, Le Dieu baleine, n’est pas en reste puisqu’on y suit les pérégrination d’un navire de pêche de la taille d’un porte-avion dans un océan où toutes les espèces marines ont disparu.
Alors l’histoire que je décrit peu paraître peu attrayante, voire effrayante, mais si je l’ai lu plusieurs fois, c’est qu’elle est magnifiquement écrite et que l’on se prend d’affection pour les Broncos que l’on suit jusqu’à cette dernière note d’espoir à la fin du récit qui rachète la noirceur du reste du texte.
Bref, un classique de la SF écologique que je vous recommande ardemment.