Robocop
— Paul Verhoeven
© 1987
L’histoire
Dans cette ville de Détroit d’un futur très proche, les voyous et les gangs font la loi pendant que les policiers sont débordés, presque abandonnés par leur hiérarchie et sans moyens.
L’O.C.P. (Omni Consumer Product), une société multinationale qui a la mainmise sur nombre de produits manufacturés et notamment les prothèses robotisées, entreprend de moderniser la ville et de privatiser la police. C’est dans ce but que le projet Robocop est lancé : il s’agit de fabriquer un cyborg, mi-homme mi-machine à la puissance de feu phénoménale, dont le cerveau sera reprogrammé avec une seule tâche : maintenir l’ordre et faire respecter la loi.
Mais pour que Robocop naisse, il faut qu’un flic meurt.
C’est ainsi que lorsque Alex Murphy décède sur le terrain, l’O.C.P. s’approprie son corps et crée le robot-flic parfait. Commence alors pour lui une nouvelle vie dédiée vingt-quatre heures sur vingt-quatre au maintien de l’ordre.
Jusqu’à ce que certains de ses souvenirs refassent surface : sa femme, son fils, sa mort. Il n’aura alors de cesse que de se remémorer sa vie et de retrouver les salopards qui l’ont abattu sans pitié. Mais attention Alex ! les salopards ne sont pas toujours ceux que l’on croit…
Mon avis
Ce qui peut choquer de prime abord est l’ultra-violence de ce film. Dans une des scènes d’ouverture, on peut notamment voir l’hémoglobine couler à flot et rien ne nous est épargné : impacts de balles, sang qui gicle abondamment, masque de douleur insoutenable… le film semble donc vite catalogué.
Mais cette violence n’est qu’un tissu sur lequel Paul Verhoeven, habitué a défrayer la chronique avec ses films violents dénonçant les travers de notre société et de nos gouvernants (rappelez-vous Starship Troopers !), brosse le tableau d’une Amérique (en tout cas la ville de Détroit) de non-droit dans laquelle les gangs font la loi et les policiers la cible des malfrats. Il semble nous dire : « Si on n’y prend pas garde, notre futur risque de ressembler à celui de Robocop ! »
Dans ce film, Paul Verhoeven s’attaque aussi à la société de consommation et au capitalisme à outrance. En effet, l’O.C.P. incarne tout ce qu’il peut y avoir de pourri dans ce type d’économie : surconsommation éhontée, déshumanisation des relations patron/personnel, total mépris de la vie et de la dignité humaine, privatisation à tout-va (y compris d’organismes publics comme la police !), augmentation continuelle du fossé entre les riches (toujours plus riches) et les pauvres (toujours plus miséreux).
D’ailleurs, au sein du cartel O.C.P., on peut noter la présence de Ronny Cox (entre autres le Sénateur Robert Kinsey dans Stargate SG-1), criant de vérité en requin de la finance et de l’industrie, prêt à tout — y compris au meurtre — pour que son propre projet E.D. 209, concurrent à celui de Robocop, voit le jour.
Donc, bien que violent, ce film nous fait réfléchir sur notre société et sur ce qui fait de nous des êtres humains. Et que le plus humain n’est pas forcément celui que l’on croit.
Bref, un très bon film — à déconseiller tout de même à un public jeune (interdit en salle au moins de 12 ans) — soutenu par une très bonne distribution et un excellent Peter Weller (non moins excellent dans Planète hurlante, et que l’on reverra en 2006 dans la série 24).
En revanche, les suites (2 films, 1 série dérivée et plusieurs téléfilms) ne sont que des pâles copies sans grand intérêt.