The Risen Empire & The Killing of Worlds
— Scott Westerfeld
© 2003
Ma note :
Attention les yeux, Succession est un grand space opera en deux parties (Les Légions immortelles et Le Secret de l’Empire) entremêlé de hard science à la sauce high-tech qui dépote un maximum et vous tient en haleine de la première à la dernière ligne.
L’histoire
Depuis plusieurs milliers d’années, l’humanité a fui la Terre et a essaimé dans la galaxie en une centaine de monoculture sur des milliers de mondes. Les contacts interculturels sont rares et chacun garde jalousement son territoire.
Parmi toutes ces parcelles d’humanité, l’Empire Immortel et la secte des Rix se vouent une haine farouche et se sont enlisés dans une guerre froide qui, de temps en temps, vire au tiède, notamment lors d’incursions des Rix dans le territoire de l’Empire.
L’Empire et ses quatre-vingt mondes bénéficie d’un atout que les Rix aimeraient découvrir : l’immortalité accordée par l’Empereur qui l’a découverte à ses personnalités les plus éminentes et à ses soldats les plus valeureux. La poignée de ces “Ressuscités” détient le pouvoir et la plupart des richesses de l’Empire.
Les Rix, ces femelles fanatiques, ces soldates surentraînées au corps de cyborgs dotés de facultés exceptionnelles, n’ont qu’un but dans la vie : éveiller à la conscience les I.A. planétaires, ou les faire naître à la vie en les implantant dans les réseaux informatiques, et les vénérer comme des dieux, au détriment de leur vie s’il le faut.
Dans ce climat de conflit perpétuel, les Rix ont commis l’irréparable. Un de leurs commandos a débarqué sur Légis, une planète de la périphérie de l’Empire, et y a implanté la graine d’une I.A. planétaire. Mais surtout, les Rix ont pris la sœur de l’Empereur en otage et menacent de la tuer.
Pour faire face à la situation, le Commandant Laurent Zaï, grand héros de guerre de l’Empire, est envoyé sur place à bord du Lynx, le dernier croiseur de la flotte, pour secourir l’Impératrice-Enfant et éliminer la menace Rix.
Seulement une donnée nouvelle vient contrecarrer la mission : un croiseur Rix a été détecté qui fait route vers Légis. Laurent Zaï doit absolument l’arrêter avant qu’il n’entre en contact avec l’I.A. planétaire qui a sûrement découvert le plus terrible des secrets de l’Empereur… quitte à sacrifier la population d’une planète entière !
Mon avis
Comme je le disais en préambule, Succession est une vraie bombe, un space opera dans lequel on ne s’ennuie pas un seul instant, dans lequel la haute technologie est omniprésente et où le côté scientifique n’a pas été oublié.
Dès les premières pages, on est plongé corps et âmes dans la bataille sur Légis, aux commandes de vaisseaux-drones de la taille d’un grain de poussière partis espionner des cyborgs surentraînés utilisant une multitudes d’armes de pointe.
Car ce qui caractérise le mieux ce roman en deux tomes (Les légions immortelles et Le secret de l’Empire) est la grande imagination de l’auteur en matière de haute technologie, souvent rendus très crédible grâce à une extrapolation poussée de la science dans ce futur éloigné. J’ai été ravi, par exemple, de constater que l’auteur a pensé à tout en matière de combat à des vitesses relativistes, en imaginant des conséquences très intelligentes à leurs effets.
Cependant, Succession ne se cantonne pas au genre space opera. Par certains côtés, il mériterait la dénomination de livre-univers. Scott Westerfeld a en effet imaginé un système géopolitique complet de l’Empire des Quatre-Vingt Mondes.
Une grande partie du livre concerne les joutes politiques entre le Sénat, doté d’une sorte de contre pouvoir, et l’Empereur. Également, le Conseil de Guerre, qui se déroule à huis-clos, réunit les représentants de toutes les factions — et elles sont nombreuses — de l’Empire. Ces chapitres apporte une profondeur au roman, ce qui le rend d’autant plus passionnant.
Mais un livre romanesque ne serait pas un roman sans une dose de romantisme, incarné par les personnages de Laurent Zaï et Nara Oxham, la sénatrice empathe. Lui est un “Gris”, un “mort-vivant”, un citoyen émérite de l’Empire destiné à l’immortalité ; Elle est une “Rose”, une adepte de la vie — et de la mort — naturelle, qui refuse l’idée d’immortalité qui, selon elle, sclérose l’Empire et l’étouffe dans le passé. Ils appartiennent à deux camps séparés par plus de mille ans de traditions. Et pourtant ils s’aiment, tels deux Roméo et Juliette du futur, dont l’amour aura des répercussions importantes sur l’avenir de l’Empire.
Bref, Succession est une heureuse surprise d’un auteur qui m’était totalement inconnu, dont un seul roman avait jusqu’ici été traduit en France, L’I.A. et son double.