La genèse
Au tout début de l’aventure Seigneur des anneaux, Peter Jackson envisageait le rock comme style de musique. D’ordinaire, il est vrai que le rock métal accompagne bien des films du genre fantasy/fantastique.
Mais Le seigneur des anneaux n’est pas un film de Fantasy comme les autres. C’est une épopée, une quête initiatique faite de paysages magnifiques (avec la Nouvelle-Zélande comme canevas), de scènes grandioses propices à la contemplation et de batailles titanesques dignes des plus grands péplums.
Pour être à la hauteur d’une telle production, un orchestre philharmonique était le seul choix logique.
Heureusement pour nous — et en fait je pense d’abord à moi qui adore ce genre de musique — il a fait confiance à ses collaborateurs et engagé Howard Shore, un compositeur canadien à la filmographie longue comme le bras (mais qui m’était alors totalement inconnu) pour composer ce qui allait devenir une des meilleures B.O. de ma discographie.
J’ai retrouvé en fait la patte des meilleurs (dont il fait partie !) comme John Williams, Vangelis, John Barry ou encore Jerry Goldsmith.
Mon avis en bref
Ce n’est pas ma B.O. préférée des trois films mais elle contient des thèmes magnifiques que l’on retrouve tout du long de la trilogie.
En détail
Ouverture du film et musique du générique, The Prophecy annonce la couleur et reprend plusieurs des thèmes majeurs de cet opus.
Premier des thèmes à apparaître dans le film, les Hobbits sont à l’honneur avec Concerning Hobbits. Au programme, musique légère et gaie, aux sonorités irlandaises dépeignant avec malice ce peuple agraire très versé sur la bonne chère, la bière et l’herbe à pipe. Bref des joyeux fêtards.
On retrouve le thème des Hobbits dans The Black Rider au début duquel, avant l’arrivée du Chevalier Noir, la troupe de joyeux drilles, qui allait devenir le cœur de la Communauté, s’enfuit du champ du père Maggott.
Moins drôles, The Shadow of the Past, The Black Rider et A Knife in the Dark accompagnent les Neufs, les Nazgúls, ces morts-vivants au service de Sauron, qui sèment la mort et le chaos sur leur chemin. Les chœurs d’hommes aux voix graves (barytons et basses) et les cordes inquiétantes soulignent parfaitement le climat de peur, voire de terreur, qu’ils suscitent. Ces musiques sont vraiment flippantes.
The Treason of Isengard ponctue un premier tournant dans le film : la découverte de la trahison de Saruman (Christopher Lee), le Magicien Blanc, et l’emprisonnement de Gandalf (Ian McKellen). Beaucoup de chœurs pour décrire le combat des deux Magiciens et leur utilisation intensive du surnaturel.
Many Meetings annonce un thème que l’on va retrouver tout au long de la saga, et notamment dans le morceau de la Lothlorien : celui des Elfes. Les chœurs lents et la musique éthérée sont propices à la contemplation de ces paysages magnifiques et de ces Elfes à la beauté sublimée.
Thème que l’on retrouve dans le splendide Council of Elrond, composé et interprété par la soprano irlandaise à la voix chaude Enya. Un pur moment de bonheur.
C’est également dans The Council of Elrond, puis beaucoup plus développé dans The Ring Goes South que l’on découvre le thème de la Communauté de l’Anneau fait de trompettes au rythme lent qui accompagnent les pas des neuf compagnons.
Plus sombre, plus angoissant, et décrivant à la perfection le monde souterrain des Nains, A Journey in the Dark retrace le voyage de plusieurs jours à travers les mines de Balin. On découvre également dans ce morceau le thème inquiétant de Gollum, qui suit la communauté dans son désir de s’emparer de son “Précieux”.
Dans ce morceau on trouve également la magnificence du royaume de Cavenain et l’âpreté du combat de la Communauté contre les hordes de Gobelins sur une musique martiale très entraînante.
Bien sûr, la Communauté réussit à s’échapper des griffes des Gobelins mais se retrouve face à un ennemi qu’aucun Homme ne peut vaincre : le Balrog de Morgoth. Et là, on ne rigole plus. The Bridge of Khazad Dûm prend, à quelques moments clés, une tournure minimaliste avec cris de gorge rauques, soulignant l’extrême bestialité du nouvel adversaire réveillé de son sommeil millénaire dans le monde souterrain.
Amon Hen est un des moments-clés du film. Les Uruk-Hai, ces terribles Orcs modifiés à la puissance phénoménale, attaquent la Communauté et on assiste alors à une bataille sanglante où tous ne survivront pas. La musique martiale est donc de rigueur, rythmée par des percussions très métalliques — comme des marteaux frappant des enclumes — et de cuivres très graves.
C’est aussi là qu’on assiste à la mort de Boromir (Sean Bean), qui faillit devenir un traître mais qui finalement montrera tout le courage, la ténacité et la majesté dont peuvent faire preuve les Hommes. Violons et trompettes soulignent avec légèreté ce moment à la fois triste et sublime.
Enfin, en guise de générique, Howard Shore a fait confiance à Enya qui nous gratifie d’une superbe chanson aux tonalités irlandaise, May It Be, interprétée de sa voix chaude et sensuelle.
Morceaux
- The Prophecy
- Concerning Hobbits
- The Shadow of the Past
- The Treason of Isengard
- The Black Rider
- At the Sign of the Prancing Pony
- A Knife in the Dark
- Flight to the Ford
- Many Meetings
- The Council of Elrond
- The Ring Goes South
- A Journey in the Dark
- The Bridge of Khazad Dum
- Lothlorien
- The Great River
- Amon Hen
- The Breaking of the Fellowship
- May It Be